pH, fruits et légumes Parler d'équilibre, c'est parler de tendances qui s'opposent et qui tendent à trouver une harmonie. On peut dire qu'un équilibre est atteint lorsqu'il n'y a plus de mouvement, lorsque les deux forces antagonistes s’annulent : C’est l'équilibre statique.
Mais il n'y a pas de vie sans mouvement, sans échanges ainsi l’équilibre dans le monde vivant ne peut être que dynamique.
Expliquer l'équilibre acido-basique va nous amener à considérer la dynamique entre la tendance vers l'acidité et la tendance vers l'alcalinité. Mais avant tout, définissons la signification des termes acide et basique (Ou alcalin). En 1909 le chimiste danois Sörensen introduit la notion de pH. Le pH est l'unité de mesure du degré d'acidité ou d'alcalinité d'une solution. Il est compris entre 0 et 14 et de 0 à 7, on parle d'acidité décroissante. Le chiffre 7 correspond à la neutralité et de 7 à 14, on parle d'alcalinité croissante.

Les fonctions de notre corps obéissent à des constantes biologiques soit acides, soit basiques. Ainsi :

•    Le sang est alcalin, son pH normal varie entre 7,38 et 7,42
•    La bouche et la salive sont naturellement alcalines avec un pH entre 7,1 et 7,4
•    Les diverses sécrétions (mucus, glaire, bile, larmes, sécrétions digestives…) sont généralement alcalines pour maintenir le milieu dans une zone favorable à l’activité des enzymes…
•    En revanche, les sécrétions de l’estomac sont très acides. Le suc gastrique contient de l’acide chlorhydrique libre et son pH est voisin de 1 (Extrêmement acide) chez l’adulte
•    Les sécrétions vaginales sont acides (pH 4,5), par la présence d’acide lactique
•    Le pH normal de l’urine est acide et varie entre 5,8 et 6,2…

Nos organes nobles participent à cette régulation et notre appareil digestif, notre sang, nos poumons, nos reins, notre milieu extra-cellulaire ou mésenchyme travaillent en synergie pour maintenir ces constantes.
Le tissu sanguin est le plus protégé des tissus de l'organisme. Il possède six systèmes tampons efficaces et bien organisés, car le pH sanguin ne peut varier que dans de faibles limites. En dehors de ces limites normales, la vie n'est plus concevable.
Par sa fluidité le sang s'adapte rapidement aux variations de son équilibre acido-basique et se comporte aussi  comme un agent de liaison entre les organes et les tissus.
Le mésenchyme lui est le plus important système tampon de l'organisme. Sa structure particulière lui permet d’être conçu comme une sorte d'éponge métabolique qui entrepose les déchets métaboliques dus à une arrivée ou à une production trop importante d’acidité ou par une capacité d’élimination dépassée.
Trop d’acidité entraîne une souffrance cellulaire des organes cibles baignés par ce liquide, de mauvais échanges tissulaires, une irritation tissulaire allant même jusqu’à une dégénérescence. Des symptômes aussi variés qu’un manque d’énergie, un sommeil perturbé, des migraines fréquentes, des troubles digestifs, des douleurs musculaires tendineuses, des rhumatismes…peuvent être des conséquences de ce déséquilibre.
Le Dr Catherine Kousmine qui nous a quittée en août 1992 après 58 ans de pratique médicale, indiquait que l’alimentation et le métabolisme tendent à provoquer dans l’organisme de grandes variations de l’acidité ou de l’alcalinité. Force est de reconnaître aujourd’hui, en raison de nos habitudes alimentaires et de notre mode de vie, que si l’équilibre acido-basique est rompu, c’est presque toujours vers l’acidification.
Comme elle le disait, prendre en compte ce pilier acide permet de bâtir la guérison sur des bases plus solides, de stabiliser la maladie et de lutter contre de nouvelles agressions en évitant au maximum les rechutes.

Les facteurs de l’acidification :

L’apport d’acides par les aliments et le métabolisme sont inévitables. Certaines personnes sont mieux armées que d’autres pour faire face à cet état. Si vos capacités d’élimination par vos émonctoires (Reins, poumons, foie, peau, intestins), sont actives et si  vous évitez de les surcharger en permanence ; sans peine, les déchets acides seront éliminés.
Par contre abuser d’acides répétés sur une éponge métabolique engorgée épuise rapidement vos réserves minérales, vos émonctoires dépassés se fatiguent et stockent ces excès.
Suralimentation d’acides mais également déficiences en vitamines, minéraux et oligo-éléments, manque d’oxygénation des tissus, surmenage physique… sont autant de facteurs responsables de ces terrains acides.
Pour fonctionner nos enzymes ont besoin de catalyseurs qui ne sont autres que vitamines, minéraux et oligo-éléments (B6, B9, zinc, manganèse, magnésium…). Sans ces leviers, les enzymes tournent au ralenti et les substances intermédiaires, souvent acides, s’accumulent et favorisent l’acidité du terrain. Rappelons que malgré la suralimentation générale, les micronutriments manquent souvent car le raffinage, la conservation des aliments, la pauvreté des sols…nuisent à ces apports optimaux.
Les déchets acides, bien connus, provenant de l’activité physique (Acide lactique, acide pyruvique…) ne sauraient être dangereux mais les sollicitations éprouvantes de notre vie moderne (Surmenage, stress, insomnies…) entraînent une surproduction. Suivant l’état du terrain, les tissus peuvent être comparés à des marécages mal irrigués où l’oxygène atteint difficilement les cellules et où les réactions métaboliques aérobies (en présence d’oxygène) sont incomplètes. Cette sous-oxygénation par manque d’activité physique régulière et une élimination déficiente sont des causes favorisant l’acidification.
Une simple promenade au grand air suffit parfois à neutraliser l’acidité métabolique de la journée en oxydant les acides et en favorisant la circulation.

L’élément principal est l’alimentation !


Le caractère acide des aliments peut être repérable au goût. Ainsi, l’acidité du citron, de la rhubarbe ou du vinaigre par exemple sont bien connus. Ces aliments sont acides en eux-mêmes mais ces substances ne demeureront pas nécessairement sous cette forme lorsque le corps les utilisera.

A côté de ces aliments, il existe des aliments dits producteurs d’acides ou acidifiants. Leur caractère acide n’est pas décelable au goût. Ils sont toutefois acidifiants car lors de leurs transformations dans l’organisme, ils libèrent de nombreux acides. C’est le cas des protéines animales, des céréales…
Les aliments alcalins, quant à eux, ne contiennent pas ou peu d’acidité. Aucune substance acide n’est produite par le corps lors de l’utilisation de ces aliments.
Or tous ces aliments producteurs d'acides sont également les aliments de base de notre alimentation. Il n'est donc pas possible de les supprimer car les acides aminés qui les constituent sont indispensables au bon fonctionnement de notre organisme. Par contre il est important de veiller aux quantités absorbées. Il faut amener à l'organisme un apport régulier en protéines, mais dans des quantités raisonnables en privilégiant les protéines végétales qui sont trop faiblement représentées dans notre alimentation moderne.
Citons quelques aliments fournisseurs d’acides : Viandes, poissons, volailles, gibiers, charcuterie, foie, rognons, abats, cervelle, céréales et dérivés (pain, pâtes, semoule…) et d’autant plus si elles sont raffinées, œufs, fromages, sucre blanc, soja, moutarde, huiles raffinées et graisses hydrogénées, sel,  alcool…
Les aliments alcalinisant se trouvent parmi les fruits frais et leurs jus, les fruits secs, les légumes, les légumineuses sauf soja, les tubercules, les herbes aromates et épices, les amandes et noisettes fraîches, le chocolat noir à condition qu’il contienne au moins 70% de cacao, les eaux minérales riches en bicarbonates…
Les laits, yaourts, crèmes fraîches, le quinoa sont relativement neutres. La pomme de terre cultivée biologiquement est un aliment idéal, producteur de bases. Elle est riche en calcium et en potassium ce qui lui confère un pH alcalin appréciable. Il faut cependant prendre garde à son mode de cuisson et la vapeur douce permet de respecter toutes ses qualités biologiques.

Votre pharmacien saura lui aussi vous orienter dans le choix de vos aliments afin que le célèbre dicton de Mme Kousmine : “Dis-moi ce que tu manges, je te dirai de quoi tu souffres ! ” soit le moins souvent évoqué. Il  vous guidera vers un équilibre acido-basique idéal.

Pascal Guerit
Docteur en Pharmacie
DU de Diététique et Nutrition
Formateur Echoform et
Responsable Développement des programmes

Licencié au Cycloclub St-Loubès