Même le cerveau a sa semaine. Cette année elle sera du 14 au 20 Mars. Les chercheurs sortent de leurs laboratoires pour nous faire découvrir son fabuleux fonctionnement et les sources de son dysfonctionnent. Si l’on comprend de mieux en mieux les mécanismes profonds qui s’interconnectent dans cette petite boîte crânienne, sa structure est immuable depuis la nuit des temps. Ce n’est pas parce que la 4G, la 3D, la HD inondent notre quotidien que le cerveau va utiliser de nouveaux carburants.

cerveau

Si le monde du « toujours plus miniature », « toujours plus résistant » côtoie le chemin du « toujours plus rapide » ; comparativement le cerveau fonctionne à une vitesse chimique plus lente par rapport aux matériaux toujours plus précieux de nos ordinateurs et de leurs logiciels surpuissants. Malgré tout le cerveau conserve encore une longueur d’avance sur la technologie car il tire sa vitesse d’exécution de sa plasticité et de ses centaines de milliards de milliards de connections soit 1020 pour les plus matheux !

Si l’homme aboutira certainement un jour à dépasser cette capacité de réactivité grâce à des prouesses de plus en plus sophistiquées, le cerveau lui continuera toujours à utiliser la même énergie et ses « circuits » fonctionneront toujours grâce aux mêmes substances. Tout cela dans un « bain » de lipides.

C’est à ce niveau que l’alimentation nous est capitale. Tout d’abord le cerveau qui représente 2% de notre poids corporel consomme à lui seul 20% de notre oxygène et plus de la moitié de l’énergie apportée par les glucides. Ça chauffe, ça chauffe, ça chauffe là-haut… Parallèlement à cette énergie, les lipides sont de très bons « refroidissants » permettant aux cellules cérébrales d’être protégées dans ce magma cellulaire hyperactif.

D’abord des bons sucres ! Il est préférable d’apporter ceux qui diffusent du sucre de manière continu contrairement à certains qui entraînent des pics de glycémie néfastes pour nos artères mais aussi nos neurones. C’est ce que l’on nomme l’Index Glycémique (IG). Privilégiez les aliments à IG bas ou modéré et réduire ceux à IG élevé. Réduire fortement également les aliments transformés, surtout les céréales à IG très souvent fort.

Le cerveau est l’organe le plus gras après nos réserves parfois disgracieuses (Adipocytes). Il accumule des lipides spécifiques appelés phospholipides (50 à 60%) mais aussi du cholestérol, beaucoup d’Oméga 3 comme le DHA appelé lui acide cervonique mais également des Oméga 6 (Acide arachidonique). Cette fluidité, cette réactivité, ce potentiel protecteur et réparateur passe par une alimentation riche et équilibrée en ces graisses.

Croire que l’on peut sans cesse oublier ces apports et continuer à demander autant à nos petites cellules est illusoire d’autant que notre propre capacité de synthèse est diminuée avec l’âge. L’apport alimentaire devenant par voie de conséquence de plus en plus prépondérant et de plus en plus spécifique. Si les huiles végétales équilibrées entre Oméga 6 et Oméga 3 sont une base prioritaire (Colza, cameline…), les poissons gras ou les compléments alimentaires les contenants sont à prioriser.

Dans ce magazine un article sur l’huile de coco aborde son intérêt pour la sphère cérébrale. En effet dans certaines pathologies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, épilepsie…) le cerveau peine à utiliser les glucides comme source énergétique principale. Certains auteurs emploient même le terme de diabète de type 3.

Dans ces circonstances la voie des lipides lui est alors accessible et principalement celle des TCM (Triglycérides à Chaîne Moyenne), lipides spécifiques contenus majoritairement dans l'huile de coco. Le cerveau privé de ses glucides retrouve alors une capacité de fonctionnement par ce nouvel apport énergétique. C’est également ce que l’on cherche à recréer dans le régime cétogène qui en absence de glucides va obliger le foie à produire des corps cétogènes à partir de ces graisses particulières stockées dans le foie. Corps cétoniques qui à leur tour traverseront la paroi du cerveau (Barrière hémato-encéphalique) et pourront améliorer la stabilisation d’un état cérébral perturbé.

Si vous avez autour de vous un ami, un voisin, un proche… atteint de troubles dégénératifs cérébraux ; n’arrêtez pas les traitements pour les remplacer par de l’huile de coco mais je ne doute pas un instant qu’un nutritionniste averti et spécialisé puisse ne pas avoir une réflexion positive par rapport à cette approche quasiment dépourvue d’effets indésirables lorsqu’elle est bien conduite.

Les TCM ne sont pas la seule arme, la phosphatidylcholine du jaune d’œuf, la phosphatidylsérine du soja, des légumes verts sont intéressants mais en quantité trop faibles pour manifestement apporter une amélioration des capacités neuronales en général et plus particulièrement cognitives (Mémoire) en particulier.

Le cerveau c’est de la « dynamite » chimique et électrique. Il faut protéger tous ces circuits de l’oxydation, des radicaux libres produits lors de cette combustion ou malheureusement induits par des toxines environnementales, le tabagisme et/ou l’alcoolisme.
C’est là que les caroténoïdes qui donnent la couleur rouge, orangée, jaune… à nos fruits et légumes sont intéressants. La vitamine E, la vitamine C venant en soutien ainsi que les précieux Polyphénols du thé, du curcuma, le fameux resvératrol de la peau du raisin (Il n’y a pas que le raisin qui en contient !), la quercétine des fruits rouges, de l’oignon rouge…

Citons pour finir cette liste non exhaustive, le coenzyme Q10 des épinards, des poissons gras, des oléagineux qui est l’ami antioxydant le plus fidèle des processus énergétiques. L’acide alpha lipoïque mérite aussi une place de choix lorsqu’une agression cellulaire est présente.

Enfin tout cela ne pourrait fonctionner sans la dynamique enzymatique que je cite souvent dans mes articles, elle-même dépendante de nos multiples étincelles que sont les vitamines, le magnésium et les oligoéléments comme le sélénium, le manganèse, le cuivre…

Voici quelques conseils pour conserver « Un cerveau au top », titre du livre de Bernard Doutres, un pharmacien qui m’a lancé si fort sur le chemin de la nutrition que je continue à vous faire profiter de cette passion transmise. Un hommage bien mérité.


Pascal Guerit
Docteur en Pharmacie
DU Diététique et Nutrition