Le mot « Inflammation » fait rapidement penser aux pathologies articulaires ou intestinales mais même si les analyses biologiques sont rassurantes ; la plupart pour ne pas dire la totalité des problèmes de santé reposent sur des paramètres inflammatoires.

Dans la terminologie médicale le suffixe « – ite » désigne l’inflammation : Sinusite = Inflammation des sinus, Appendicite = Inflammation de l’appendice, Tendinite = Inflammation des tendons… Mais alors, il n’y a pas d’inflammation dans le diabète, l’hypertension artérielle, les migraines, les insomnies, les jambes lourdes…

La médecine et ses moyens de diagnostic évoluent vite et sans cesse. Très fréquemment des publications font écho de médiateurs inflammatoires impliqués dans de nombreux tissus altérés par ces pathologies. Ainsi le diabète, les troubles thyroïdiens, le surpoids, la dépression, les troubles de la mémoire, les infections… sont étroitement liés à ces mécanismes et pour autant les médecins ne délivrent pas d’anti-inflammatoires !

C’est cette notion de terrain que le thérapeute « traditionnel » ne prend pas suffisamment en compte. Les propositions et réflexions ci-dessous ne sont pas des alternatives aux traitements mais permettent de desserrer l’étau inflammatoire sur lequel viennent s’ancrer la chronicité de nombreux troubles.

Alors quels sont les aliments qui pourraient réduire cette pression inflammatoire ?

Deux grandes familles de nutriments apportent des réponses positives à cette question fondamentale ; c’est le cas de certains acides gras et des Polyphénols. A l’inverse, les sources alimentaires sont multiples et abondantes pour nous faire tomber dans le gouffre inflammatoire : Sucres raffinés et ultraraffinés, protéines animales en excès, sel, graisses saturées et de type « Trans » en excès…

Avant d’envisager les bonnes initiatives permettez-moi de rappeler que la sédentarité ou le manque d’activité physique, le tabagisme, la pollution environnementale, le manque de sommeil, l’instabilité de notre microbiote… sont aussi des pièges inflammatoires. 

Si les lipides, les graisses que nous ingérons ont toutes un rôle physiologique à jouer, l’excédent de certaines et/ou le déséquilibre des autres vont inonder notre organisme de dérivés inflammatoires. Privilégier de bonnes huiles végétales respectueuses de cet équilibre est la 1ièrepierre à poser en nutrition quand une pathologie s’installe. Huiles d’olive, de colza, de noix, de caméline sont des trésors à découvrir ou réintroduire. Plusieurs décennies de personnes ont « baigné » dans l’huile de Tournesol ou plus récemment dans celle de Pépins de raisin qui sont beaucoup trop inflammatoires. La solution ne se résume pas entre les bonnes et les mauvaises mais entre cette harmonie judicieusement construite et respectée.

Si certaines graisses animales (Viandes grasses, charcuteries, produits laitiers…) sont à réduire fortement, les graisses animales issues des poissons gras riches en Oméga 3 sont à privilégier pour contrebalancer la richesse des premières en Oméga 6. Si il est difficile de mesurer individuellement ce rapport Oméga 6/Oméga 3, il faut malheureusement noter qu’en France nous consommons au minimum 4 fois trop d’Oméga 6 générateurs de substances inflammatoires.

Dans ce contexte et compte tenu d’un âge parfois avancé qui ralentit les synthèses naturelles, d’une empreinte pathologique plus forte et/ou d’une alimentation insuffisante en éléments positifs ; il est souvent nécessaire de s’orienter vers une supplémentation à base d’Oméga 3 pour renverser cette tendance négative. Votre pharmacien saura vous construire une offre spécifique qui réponde à vois attentes cellulaires, physiologiques et pathologiques. Le déremboursement récent des spécialités à base d’Oméga 3 n’a fait que renforcer le sentiment d’inutilité de ces acides gras spécifiques alors que bien au contraire il est au cœur des pathologies métaboliques, cardiovasculaires, cérébrales, endocriniennes…

La famille des Polyphénols est « vieille » comme le Monde et elle n’arrête pas de nous surprendre : Fruits, crucifères, légumes, thé, épices, condiments… sont autant de merveilles qui les synthétisent. Nous vous en parlons souvent dans ce magazine et ce mois-ci vous avez un éclairage sur les bienfaits du Curcuma mais il faut savoir que ces familles biochimiques issues des plantes sont premièrement essentielles car nous ne savons les fabriquer et que surtout elles sont toutes antioxydantes ET ANTI-INFLAMMATOIRES !

Toutes les structures cellulaires se les « arrachent » pour protéger leurs membranes, leurs récepteurs, leurs canaux ioniques, leurs mitochondries et autres noyaux cellulaires.

Sur ces 2 entités maitresses « Equilibre des lipides & Polyphénols », le Magnésium peut exprimer toute sa puissance mais ici c’est sa puissance régulatrice contre les phénomènes inflammatoires. Comme dans la nature, la synergie des actifs, des nutriments à travers leur diversité est un gage rassurant pour freiner ces tensions inflammatoires qui inexorablement construisent le lit de la pathologie.

Dans le prochain magazine, je reviendrai vers vous pour poursuivre cette vision naturelle anti-inflammatoire et l’on abordera la spécificité de certains nutriments et le lien étroit de certains tissus avec cette influence délétère : Intestin, cerveau, mutations cellulaires…

Que ces premiers paragraphes soient l’opportunité d’une prise de conscience de ce phénomène insidieux qui ne s’arrête pas qu’aux « - ite » mais qui est souvent présent ailleurs… même si votre médecin ne vous en parle pas ou ne vous prescrit pas des médicaments traditionnellement utilisés dans ces états. La nutrition n’a pas réponse à tout mais vous noterez que d’oublier les grands principes ne permet pas un retour à l’équilibre aussi rapidement !

 

Pascal Guerit

Docteur en Pharmacie

DU diététique et Nutrition