Pour bien comprendre l’influence positive ou négative de notre alimentation sur notre système hormonal il faut définir quelques généralités.
Une hormone est une substance fabriquée par certaines cellules de nos organes (pancréas, thyroïde, ovaires…) et véhiculée principalement par le sang pour agir à distance sur d’autres cellules et déclencher des réactions chimiques.
Une hormone est une substance fabriquée par certaines cellules de nos organes (pancréas, thyroïde, ovaires…) et véhiculée principalement par le sang pour agir à distance sur d’autres cellules et déclencher des réactions chimiques.
Après une première stimulation de la glande, l’hormone est synthétisée en très très faible quantité. Selon les hormones on approche l’ordre du millième de milligramme voire du millionième de milligramme. Sa vitesse de diffusion est elle extrêmement rapide (mais inférieure à celle du système nerveux) puis s’établit une communication avec les cellules périphériques par le biais de récepteurs.
Cette rapidité, cette mobilité, cette affinité ne sont possibles qu’à condition que la fabrication de ces récepteurs qui sont des protéines soit assurée. D’où l’importance des 20 acides aminés qui sont les petits maillons qui constituent ces protéines. La ration protéique de notre assiette doit contenir idéalement un partage équitable entre le végétal et l’animal. Associer, alterner, varier les sources de protéines est important et tout particulièrement réduire la source animale souvent excessive dans notre alimentation “moderne”. Plus loin nous verrons un autre impact de ce mode alimentaire qui s’installe.
Nous avons parlé de rapidité et cette action est possible si la membrane (couche qui entoure nos cellules) est elle-même dynamique. Cette structure a besoin d’acides gras polyinsaturés pour sa fluidité. Malheureusement les études épidémiologiques montrent que, dans sa grande majorité, les personnes n’ont pas l’équilibre souhaité. Une déficience s’installe surtout sur le plan qualitatif et le rapport optimal entre ces différents acides gras est de moins en moins bon. Il faut modifier, nous le disons souvent, nos règles de bases en utilisant une huile de table composée tout simplement d’un mélange à parts égales d’huile d’olive et de colza, vierges et de première pression à froid. Une touche supplémentaire d’huile de noix ou de cameline, selon affinité gustative, pour l’enrichir encore plus en oméga 3 car ce sont eux qui font défauts.
D’ailleurs la rapidité des transmissions du cerveau est assurée elle aussi par cette règle essentielle en intégrant près de 2/3 d’omégas 3 et 6 dans des proportions idéales.
Nous avons la fluidité maintenant comment augmenter la sensibilité, l’affinité ?
Les récepteurs sont spécifiques d’une hormone mais ils sont aussi limités. Tout ce qui peut les perturber aura des conséquences sur l’action biologique qui aurait du lui succéder. La chronique médiatique mais souvent en exergue des molécules présentent dans notre alimentation ou notre environnement qui peuvent induire des désordres métaboliques à plus ou moins long terme. Puis les industriels les retirent (pour en mettre d’autres) ou tentent de les réduire...
On pense aux pesticides, aux colorants, conservateurs, plastifiants et autres PCB, Bisphénols. On pourrait ajouter le tabagisme qui inondent les cellules de composés tout aussi dangereux les uns que les autres.
Mais on oublie trop vite que tous les jours les modes de cuisson apportent leur flottille de molécules indésirables. La cuisson régulière à des températures supérieures à 100°C et même moins pour certains composants, dénature les vitamines, détruit la majorité de la vitamine C, modifie la structure de ces petits acides aminés utiles à nos enzymes et à la synthèse de protéines. Les minéraux sont cristallisés et/ou dissouts dans l’eau de cuisson.
Modérer les températures de cuisson même si parfois les habitudes culinaires recherchent cette petite touche de cuisson vive, sans parler du grillé, du frit, du “brûlé”… qui sont autant de sources de composés qui peuvent encrasser le milieu extracellulaire et ainsi perturber les échanges avec les récepteurs. Je n’ajouterai pas “de l’huile sur le feu”, si je peux m’exprimer ainsi, en parlant aussi de perturbateurs hormonaux qui peuvent être contenus dans certaines viandes importées d’une agriculture non contrôlée qui vont à l’encontre des valeurs nutritionnelles recherchées. Faisons confiance aux producteurs locaux qui nous garantissent une agriculture biologique de qualité.
Bien j’ai réduit le feu, j’ai assaini mes piliers protidiques et lipidiques. J’ai les bases de mon projet maintenant il me faut les ouvriers. Encore une fois l’alimentation va nous les fournir. Ces travailleurs de l’ombre sont nos vitamines, nos minéraux et nos oligoéléments. Que ce soit de la production des hormones en passant par leur transformation, leur activation, l’acheminement, la fixation même aux récepteurs et l’action biologique qui en découle : Sélénium, Iode, Zinc, Magnésium… mais également les vitamines du groupe B sont incontournables. Un élément manquant, un “ouvrier” en retard et c’est la chaîne de production qui en pâtit. Un autre sans énergie et le chantier n’avance pas.
Nous l’avons vu l’organisme au niveau de nos hormones fonctionne “à 100 à l’heure” et pour atteindre ce niveau d’exigence et en toute sécurité, chacun doit être à sa place et disponible à tout moment. Les déficiences montrées, de notre alimentation, en ces éléments essentiels désorientent progressivement nos systèmes hormonaux et diminuent l’énergie disponible. Le corps a la capacité de s’adapter mais combien de temps ? Des erreurs infimes mais répétitives finissent par bousculer ces messages. Sans parler de l’intégrité de notre paroi intestinale et des bactéries bénéfiques qui y sont implantées et qui contribuent à renforcer l’assimilation, la transformation et aussi la fabrication de ces molécules de base. Trop de sucres raffinés, transformés, trop de graisses dénaturées, l’excès de protéines animales sélectionnent une flore qualitativement différente peu compatible avec une bonne digestion des micronutriments.
Je terminerai en évoquant un aspect capital pour nos hormones : La gestion du stress ! Trop de pression, d’anxiété, pas assez de sommeil… et c’est du cortisol, une hormone sécrétée par nos glandes surrénales qui est produite excessivement. Un stress continuel engendre un épuisement sensible de ces glandes et cela a des répercussions sur d’autres systèmes hormonaux.
Tel un château de cartes, la minutie régulatrice entre nos hormones est vite fragilisée et l’on peut s’étonner, d’entendre parler à tort que certains génériques qui traitent des dysfonctionnements hormonaux aient des effets différents du médicament originel. Tant de facteurs interfèrent sur ces quelques millionièmes de gramme d’hormones. Il ne faut pas se tromper de coupable. L’alimentation et l’environnement sont, pour ma part les plus gros perturbateurs de cet infinitésimal. Alors réduisons la pression, baissons le feu et oxygénons nos plats et nos cellules pour le plus grand bien de toutes nos hormones.
Pascal Guerit
Docteur en Pharmacie
DU Diététique et Nutrition